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C’est un croque-monsieur dans une barquette en carton ou un plat réchauffé au micro-ondes, une boisson en canette ou du vin en format 25 cl, le tout dégusté sur un petit bout de comptoir avec serviettes en papier et couverts en bois… pourtant, le passage au wagon-bar n’est pas si anodin. Depuis son apparition, à la fin du XIXe siècle, cet espace de restauration confiné n’a cessé d’évoluer, de se réinventer – et de cultiver ses propres codes alimentaires, toujours en miroir de l’époque.
L’esthétique des repas sur rails a piqué la curiosité d’Arthur Mettetal. Assisté de Jean-Pierre Williot, professeur d’histoire économique à la Sorbonne, et de Grégory Nolan, directeur du service documentation de la SNCF, l’historien, spécialiste du patrimoine ferroviaire et industriel, s’est plongé dans les archives de l’ancienne Compagnie internationale des wagons-lits et du groupe SNCF.
Ensemble, ils ont exhumé plus d’une centaine de clichés, d’une valeur documentaire rare, qui font l’objet d’une exposition (à voir jusqu’au 29 septembre) aux Rencontres de la photographie d’Arles, baptisée « Wagon-Bar. Une petite histoire du repas ferroviaire » –, et de la publication d’un livre aux Editions Textuel.
Au détour de ces photographies, parfois publicitaires, on plonge d’abord dans l’âge d’or de la nourriture roulante, pendant l’entre-deux-guerres, lorsque des voyageurs fortunés dînaient à bord des luxueuses voitures Pullman (décorées par René Prou), avec nappes blanches et couverts en argent. Les étroites cuisines embarquées (8 mètres carrés) proposaient des menus élaborés et disposaient de leur brigade dédiée. Dans les années 1950, la société évolue : c’est l’apparition du libre-service, de la vente ambulante et des voitures « bar et snack ».
On navigue ensuite, toujours à pleine vitesse, entre les plateaux-repas des trains Corail que l’on consommait en famille, dans les années 1960, sur des fauteuils en Skaï rouge, jusqu’au kitsch désuet de certaines préparations (sandwichs au crabe mayonnaise, entremets à base de gélatine), en passant par la décoration futuriste des voitures-bars des TGV des années 1990, en forme de vaisseau spatial, modelées par le désigner industriel Roger Tallon.
Au passage, les auteurs nous dévoilent un reportage d’entreprise sur les coulisses de la fabrication… du sandwich triangle. « Si les images de ce livre sont intrinsèquement liées à l’univers ferroviaire, celles spécifiquement dévolues à la prise de vue des plats et collations variés relèvent de la “littérature gastronomique”, au même titre que les livres de cuisine ou de recettes », conclut Arthur Mettetal.
Wagon-Bar. Une petite histoire du repas ferroviaire, sous la direction d’Arthur Mettetal, Textuel, 224 p., 29 €.
Léo Bourdin
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